Séjour en Guadeloupe et retour de Cuba :
Solidarité avec les Antilles et Viva Cuba !
Nous avons séjourné en avril 2008 trois semaines en Guadeloupe et les derniers évènements sociaux semblaient prévisibles et étaient totalement justifiés.
Nous y avons découvert la pauvreté mais aussi la misère. Des bidonvilles certes assez dissimulés existent à Pointe à Pitre, des logements sociaux délabrés aussi. La vie chère est une dure réalité pour les Antillais mais aussi pour les Métropolitains de passage.
« L’économie des containers » pratiquée dans tous les DOM TOM interdit tout développement authentique local et favorise l’enrichissement outrancier de ceux qui gèrent ce mode de ravitaillement, et s’opposent aujourd’hui aux augmentations de salaires demandés. ( + de 100 millions en 3 ans pour la seule famille Hayot … dixit l’huma du 24/02/09).
Cette révolte du peuple antillais est une crise sociétale. Le système colonial départemental toujours en pratique développe les injustices, le chômage, le mal vivre et attise les tensions.
Il faut faire preuve de courage et de choix politiques pour donner aux Antillais les moyens de vivre par et pour eux-mêmes :
Développer une agriculture plus diversifiée avec élevages (bovins et ovins) pour assurer la production de lait et de viande, créer de véritables emplois dans la production, le bâtiment et la maintenance favorisant l’embauche de main d’œuvre locale. (Je repense par exemple à ces centaines de carcasses de véhicules abandonnées, voisinant de pauvres vaches isolées attachées par sécurité .au bord des routes.).
Il faut en finir avec cette économie de « tout importation », utiliser les atouts locaux qui existent et respecter la population antillaise.
78 % des Français estiment que ce mouvement social est justifié alors continuons à lui exprimer notre solidarité !
Nous revenons aussi de Cuba .
Séjour de 3 semaines en janvier 2009, au cours duquel nous avons traversé l’île de part en part aller retour de La Havane à Guantanamo. Découverte de ce pays pour nous, mais revisite pour certains de notre groupe.
Unanimité pour témoigner que là-bas « un nouveau monde est en marche » !
Certes Cuba est encore un pays pauvre, en comparaison avec notre monde occidental et capitaliste.
Mais la misère n’est plus présente sur cette île aux palmiers, pourtant ravagée régulièrement par des cyclones dévastateurs.
Le peuple cubain très cultivé, est fier de sa Révolution, de son indépendance gagnée par la lutte bicentenaire contre les espagnols puis les Yankees
Ce peuple témoigne d’un niveau de conscience politique, qui lui a permis de résister à l’hostilité permanente déployée par les USA en plus du blocus commercial.
Il a vaincu les difficultés économiques et sociales de « la période spéciale » rencontrées après l’abandon brutal de l’aide et disons même de l’assistance apportée par l’ancienne URSS jusqu’en 1990.
Son agriculture a été diversifiée pour donner à manger à tous (utilisation des terres sucrières libérées par l’arrêt de la moitié des usines de traitement de canne à sucre), encourageant la production de riz, fruits et légumes, amplifiant l’élevage de bovins pour le lait et la viande (croisement de zébu pour sa résistance et d’Holstein pour sa qualité de laitière).
Chèvres, moutons, cochons, volailles sont présents partout.
La ressource touristique s’est développée assurant la rentrée de 60% des devises. Si cette activité crée inévitablement des inégalités elle permet aussi d’engranger les devises nécessaires et indispensables au commerce international. Car l’embargo économique imposé par les USA depuis des décennies, pèse toujours sur les besoins de ce pays. Heureusement les échanges avec les pays d’Amérique latine, la Chine, le Canada, l’Espagne se développent.
Réjouissons nous de la présence ces jours-ci à La Havane d’un émissaire français en la présence de Mr Jacques Lang pour essayer d’œuvrer dans ce sens !
Que voit-on aujourd’hui à Cuba ?
De gros efforts de reconstruction et de rénovation ralentis par le manque de main d’œuvre et surtout de matériels et matériaux.
Des terrains sont privatisés, de petites entreprises privées voient le jour, des réflexions s’engagent pour savoir comment poursuivre le développement non capitaliste de l’île en répondant aux aspirations du peuple sans contrainte bureaucratique, sans abandon de l’idéal d’égalité et de justice.
Tous les cubains sont habillés correctement (« à l’européenne »), des écoles existent partout même dans des sites très retirés, utilisant paraboles, Internet et panneaux solaires .( 1 enseignant pour 15 élèves, .une Université par Région).
La politique de santé est en pointe et visible. Hôpitaux, Cliniques, Centres de santé partout, un médecin pour 140 familles, sans compter tout le, personnel médical qui apporte une aide internationale en Afrique et en Amérique latine.
A la médecine (exceptés les médicaments pour lesquels une participation symbolique est demandée) et l’éducation gratuites ( fournitures et repas) , s’ajoute le « Libreta » ou carnet de rationnement qui permet à chaque cubain d’acquérir mensuellement à des prix très modiques le minimum vital ( nourriture et besoins élémentaires).
Tous les cubains peuvent être propriétaires de leur maison, la plupart le sont déjà, le terrain est donné par l’Etat, qui aide aussi à la construction et fournit aux familles frigidaire et télévision moyennant une participation financière selon leurs revenus.
Pas d’impôts à Cuba (ce mot n’existe pas ) mais cela pose bien évidemment aussi des problèmes de moyens insuffisants pour l’Etat.
Dans toutes les villes et villages visités , des centres culturels gratuits , des musées,des espaces dédiés à la musique et à la danse où les jeunes se retrouvent. .Les musiciens et danseurs sont présents partout, passent le chapeau et vendent leur CD comme chez nous.
Pour les transports c’est du sport !
Les autobus chinois remplacent peu à peu les bus russes ou canadiens, qui font encore besoin. « L’école de la patience » des auto stoppeurs, est très en vogue, camions, bicyclettes, scooters, motos, side-cars, vélo-taxis, calèches, tout ce qui roule est bricolé et utilisé !
On aperçoit même des bicyclettes neuves électriques.
Le casque est obligatoire depuis seulement quelques semaines pour les véhicules à moteur.
Les « ladas » (décrétées meilleures voitures du monde) et les anciennes voitures américaines vivent une belle vieillesse, et le parc automobile se modernise petit à petit.
Le Chemin de fer très utilisé qui traverse le pays aurait besoin de gros travaux de rénovation et de modernisation, mais témoigne du manque de moyens technologiques et matériels existants.
Le plus étonnant dans ce pays c’est qu’il n’y a ni mendiants ni SDF à Cuba !
Prostitution oui, mais discrète aux abords des grands hôtels touristiques comme dans tous les pays du monde .Ailleurs on n’est pas abordé. L’homosexualité n’est plus poursuivie.
La liberté religieuse existe, plusieurs religions se partagent les croyances (catholiques, protestants, animistes) et les édifices religieux sont classés et rénovés.
Le Gouvernement Cubain avec l’aide de ses Comités de Défense de la Révolution est à l’écoute du peuple.
Pour les Cubains c’est souvent la débrouille et l’ingéniosité, c’est la solidarité entre les familles et entre tous les gens.
Pas de Publicité sur les murs mais beaucoup de slogans qui rappellent l’histoire de leur Révolution et honorent les personnages marquants, mais surprise, la figure la plus en vue dans tous les lieux publics n’est pas celle de Fidel ou du Che pourtant souvent présentes, mais celle de José Marti, apôtre de l’indépendance depuis le XIXème siècle.
Cuba aujourd’hui sort la tête hors de l’eau, son économie redémarre, les Cubains peuvent accéder désormais aux Hôtels, à tous les magasins, au téléphone portable. Des supermarchés apparaissent, au plan politique des débats s’engagent et l’après Castro est une réalité que les Cubains envisagent et préparent sereinement.
Cuba ne subit pas la crise capitaliste qui s’aggrave. Si les pays latino américains mettent en place un marché hors FMI, si l’embargo américain sautait, si les échanges avec l’Europe se développaient, alors Cuba nous surprendrait.
Affaire à suivre….en attendant, Viva Cuba